La règle ? Pas de règle ! Netflix et la régulation des dépenses professionnelles

Tétanisées par la peur de l'abus, les entreprises cherchent à toujours mieux cadrer les dépenses professionnelles. Cela les prive toutefois d'une partie de leur capacité d'adaptation. Netflix a ainsi choisi une solution radicalement différente : supprimer l'ensemble des règles.

La règle ? Pas de règle ! Netflix et la régulation des dépenses professionnelles

< Toutes ces règles qui n'existent pas chez Netflix

Imaginez qu'une entreprise souhaite créer des règles encadrant les dépenses professionnelles - par exemple les dépenses liées aux repas pour les commerciaux en déplacement.

Cette entreprise, vraisemblablement, commence assez simplement : elle fixe un montant forfaitaire maximal de 17 euros.  

Bientôt, des commerciaux viennent se plaindre : 17 euros, c'est bon pour le midi, mais le soir, quand les prix augmentent, difficile de s'en sortir. Elle décide de porter le forfait du soir à 20 euros.

Seulement voilà, parfois, le commercial est amené à inviter un client. L'entreprise ajoute une variable : dans ce cas, le forfait s'élève à 35 euros par personne.

Elle avait également précisé qu'il n'était pas possible de commander de l'alcool le midi. Mais plusieurs commerciaux grimacent : si le client souhaite prendre un verre de vin, il serait malvenu de le lui refuser, non ?

Bref, nul besoin d'être devin : cette entreprise n'est pas au bout de ses peines.

Le quotidien des entreprises réelle n'est guère différent. Les milliers de possibilités et de cas de figure les conduisent à rajouter sans cesse des règles, des variables, des conditions, des précisions... sans jamais parvenir à produire une règle capable de couvrir intelligemment tous les cas de figure.

L'approche Netflix : supprimer les règles

Immanquablement, les employés finissent par se retrouvent bloqués par une règle absurde, alors même qu'ils n'ont que l'intérêt de l'entreprise en tête ou que cela relève du bon sens. Par exemple, une dépense élevée, urgente, dont l'entreprise a absolument besoin mais qui ne rentre dans aucune case.

Si les collaborateurs ne sont pas bloqués, ils sont à tout le moins ralentis par la demande qu'ils ont à déposer pour une dépense qui ne rentrerait pas strictement dans le cadre.

Fidèle à son objectif de vitesse d'exécution et d'innovation, Netflix a résolu le problème d'une manière radicale : faire confiance au jugement des collaborateurs. Aucune dépense ne nécessite de demande préalable ou de validation.

Cela permet d'offrir une grande flexibilité, et donc une meilleure capacité d'adaptation.

Cela ne signifie pas que les employés peuvent dépenser l'argent de l'entreprise sans compter. Alors comment cela fonctionne-t-il ?

Des débuts laborieux

Au tout début, Netflix avait donné la consigne suivante : "Spend company's money as if it were your own" ("dépensez l'argent de l'entreprise comme si c'était le vôtre").

Problème : tout le monde n'avait pas les mêmes habitudes de consommation. Certains employés, très dépensiers, profitaient donc pour chaque vol d'une place en business tandis que d'autres choisissaient systématiquement la classe économique, même quand ils volaient la nuit et devaient intervenir en public pour le compte de l'entreprise le lendemain.

Ce n'était visiblement pas la bonne approche.

"Act in Netflix's best interest"

La consigne "Act in Netflix's best interest" est donc venu remplacer la première.

Mais, me direz-vous, comment les employés peuvent-ils savoir ce qui est dans l'intérêt de Netflix ?

Très simple, répond Reed Hastings, co-fondateur et PDG de l'entreprise. Avant d'acheter quelque chose, il suffit de vous imaginer expliquer la dépense à votre manager (c'est ce que Netflix appelle le “context at the front end”).

  • Si vous êtes à l'aise, tout va bien.
  • Si vous ressentez une pointe de gêne, vous devriez probablement remettre en question cet achat.  

Pas de règle... mais des contrôles

Si les employés sont laissés libres, des contrôles sont tout de même prévus à la fin pour prévenir les abus.

C'est le manager de l'équipe qui choisit entre deux modalités :

  1. Le manager vérifie lui-même, à la fin de chaque mois, les dépenses des membres de son équipe
  2. L'équipe finance audite au hasard 10% des dépenses chaque année

Ainsi, Netflix a réussi à supprimer (moyennant quelques contrôles) les règles encadrant les dépenses professionnelles, augmentant la vélocité et l'agilité de l'entreprise. Reed Hastings souligne même qu'au final, les dépenses n'augmentent pas tellement, et que les abus sont rares.

Pour ceux toutefois qui décident de dépasser la ligne rouge, la sanction est claire : c'est le renvoi immédiat.

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