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FinOps en 2025 - FOCUS : opportunité ou nuage de fumée ?
Le pilotage des coûts cloud est confronté à une difficulté persistante : l’hétérogénéité des données fournies par les cloud providers. Nom des métriques, logique de ventilation, latence des exports, structure des remises… Rien n’est véritablement aligné.
<FinOps en 2025 - Le passage à l'ère du Cloud+
Le pilotage des coûts cloud est confronté à une difficulté persistante : l’hétérogénéité des données fournies par les cloud providers. Nom des métriques, logique de ventilation, latence des exports, structure des remises… Rien n’est véritablement aligné. Résultat : chaque fournisseur impose sa propre vision du monde, et les équipes FinOps passent un temps considérable à nettoyer, normaliser et reconstituer une lisibilité de leurs données.
C’est dans ce contexte qu’intervient FOCUS (FinOps Open Cost and Usage Specification). Imaginé comme un standard commun entre cloud providers, ce schéma de données entend fournir un socle de lecture unifié pour décrire les coûts et les usages cloud. AWS, Azure et Google Cloud participent à sa définition, aux côtés de la FinOps Foundation. L’ambition est claire : faciliter l’exploitation multi-cloud, mais aussi fiabiliser la collecte et l’analyse.
Un socle pour la comparaison, l’automatisation, la convergence
Le principal apport de FOCUS est de proposer une grammaire commune, avec des champs et des structures partagés entre clouds. Cela ouvre plusieurs leviers concrets :
- Comparaison de workloads entre fournisseurs sans conversion manuelle des données.
- Interopérabilité accrue avec les outils FinOps (internes ou du marché).
- Automatisation des traitements, alertes et projections à partir d’un seul format.
Les outils des cloud providers, ainsi que les outils tierces intègrent (tout ou partie) du modèle de données FOCUS (dont les spécifications sont publiques). Mais c’est surtout au niveau de la collecte brute que le changement est majeur : il devient possible de raisonner sur une base de données multi-cloud sans retraitement préalable.
Un point d’appui pour les SI hybrides
Pour les organisations qui combinent cloud public, cloud privé et infrastructure on-premise, FOCUS peut devenir une brique pivot. Non pas parce qu’il couvre déjà l’ensemble du périmètre — il ne formalise pas encore officiellement les coûts on-prem —, mais parce qu’il offre un modèle extensible. Certaines DSI s’en servent comme point de départ pour structurer leurs propres formats d’imputation des ressources internes, en calquant les champs et les logiques de FOCUS, tout en ajoutant leurs propres attributs spécifiques (ex : taux d’amortissement, ratio de partage, coût d’énergie).
Cela facilite ensuite les rapprochements entre modèles, et surtout les arbitrages entre options d’hébergement (cloud vs interne) à partir d’un langage commun.
Pourquoi FOCUS ne couvre pas (encore) le on-premise ?
Le standard FOCUS a été conçu pour normaliser les données issues des fournisseurs de cloud public (AWS, Azure, GCP), mais il a bien été pensé dès l'origine avec l'idée d'une extensibilité vers d'autres périmètres, y compris les infrastructures on-premise.
Toutefois, cette extension n’est pas encore formalisée. Il n’existe pas de schéma officiel pour décrire les workloads exécutés sur site avec la même précision que ceux du cloud public. Certaines entreprises comblent ce vide en construisant leur propre extension de FOCUS : elles reproduisent la structure du standard (ressource, usage, coût, timestamp...) et y ajoutent des attributs spécifiques à leurs environnements internes. Ce modèle permet ensuite de centraliser, comparer et visualiser les dépenses IT de façon unifiée.
Ce que FOCUS ne résout pas (encore)
Malgré son intérêt, FOCUS n’est pas un outil miracle. Certaines zones restent floues ou non couvertes :
- Les spécificités des coûts spécifiques à l’IA (usage GPU, facturation à l’appel de token, scalabilité dynamique).
- Faible couverture des services SaaS.
- Lisibilité encore faible pour les métiers non techniques.
Le standard reste technique dans son expression. Son intégration dans les tableaux de bord décisionnels suppose un effort de traduction et de contextualisation.
- Identifier les outils déjà compatibles avec FOCUS dans son écosystème.
- Évaluer le niveau d’adoption réelle du standard chez ses fournisseurs cloud.
- Créer des ponts entre FOCUS et les référentiels internes (tags, projets, produits).
- Envisager une extension maison pour inclure le on-prem ou les coûts SaaS dans un format commun.
- Collaborer avec la finance et les achats pour relier cette donnée à des processus budgétaires.
FOCUS n’est pas une finalité. C’est un socle. Il n’automatise pas le FinOps, mais il en élimine certains points de friction, notamment dans les architectures hybrides ou multi-cloud. Sa vraie valeur se manifeste lorsqu’on commence à construire dessus : projections, allocations croisées, simulations…
Son avenir dépendra moins de l’effort des fournisseurs que de la capacité des entreprises à s’en saisir comme d’un standard structurant. Non pas pour normaliser à tout prix, mais pour mieux dialoguer, arbitrer, et piloter dans la complexité.
Cet article fait partie de la série "FinOps en 2025, FinOps à l'ère Cloud+"