Du prompt engineering au context engineering : la revanche des ingénieurs
Assistants et agents IA seront d'autant plus pertinents que nous saurons leur apporter le bon contexte d'informations - ni trop, ni trop peu.
La capacité offerte par des agents IA de produire du code applicatif complet en fonction de quelques instructions bouleverse la notion de valeur et le rôle des développeurs.
Les entreprises se sont tournées en masse vers l'offshore pour ses LoC (lignes de code) à bas prix. Qu'est-ce qui pourrait les empêcher de se ruer sur le vibe coding : cette capacité offerte par les IA génératives de traduire une intention en code fonctionnel, écrit dans les règles de l'art, en un rien de temps ? La promesse est belle et bouleverse totalement l'équation économique.
Beaucoup de voix s'élèvent à l'encontre de ce modèle : comment en effet peut-on imaginer baser son SI sur un code qu'on ne maîtrise pas ? Ces voix n'ont pas tort. Sauf que. Maîtrise-t-on vraiment ce que les développeurs produisent ? Entre d'un côté des spécifications mal ficelées, que des développeurs interprètent au mieux, et du code souvent bugué et non ou mal documenté, qui ne respecte pas forcément les bonnes pratiques, et de l'autre des assistants et agents IA capables d'interagir avec vous jusqu'à obtenir une spec digne de ce nom et produire du code documenté et collant aux pratiques exigées, la balance penche plutôt en faveur des automates.
D'autant qu'il sera beaucoup plus rapide de réécrire des morceaux du SI de cette manière, en cas de problème. On peut ainsi imaginer que dans quelques années, une entreprise aura rattrapé sa dette technique en réécrivant des pans de son SI selon de nouveaux patterns architecturaux.
Dans ce modèle, le rôle de l'architecte est - toujours - d'une importance fondamentale. Le simple rôle consistant à écrire des lignes de code perd en revanche de son importance. On l'a vu avec l'offshore, malgré tous les inconvénients : décalage horaire, difficultés de communication et de compréhension, besoin renforcé d'encadrement et de déplacements... Le métier de développeur a perdu de son lustre, il a fallu monter en compétence, prouver son expertise, pour rester en haut de la vague. On le verra - encore plus fortement - avec le vibe coding, malgré ses inconvénients.
Dès lors, il faut se poser la question de ce que deviendront les développeurs - mais aussi les ESN qui vendent leurs prestations. Celles-ci vont devoir se poser la question : "quelle est la valeur d'une ligne de code ?". Il leur faut revoir leur modèle, adapter leurs pratiques, réévaluer le coût et la valeur de leurs prestations. En partant du principe, bien sûr, qu'elles parviendront à faire en sorte que leurs développeurs s'approprient l'IA et délivrent collectivement davantage de valeur chaque jour.
Du côté des développeurs, un changement culturel est nécessaire. Pour certains, il s'agira d'accepter le fait que piloter une IA plutôt qu'écrire soi-même ses lignes de code présente un grand nombre d'avantages (et après tout, c'est plus efficace que copier-coller du code depuis Stack Overflow). Pour d'autres, qui ont déjà adopté l'IA mais gardaient jalousement leurs bonnes pratiques (parce que pourquoi crier sur les toits qu'on peut faire en une heure ou deux une tâche prévue pour une journée ?), il va falloir partager, avec ses collègues et son employeur, ces pratiques et la valeur ainsi créée.
Pour reprendre les mots de mon collègue Aurélien Pelletier, pour un développeur, cette adaptation culturelle ne devrait logiquement pas demander plus d'efforts que pour un dev se proposant d'animer une communauté open source :
Quant aux CIO, ce sont des phénomènes qu'ils doivent anticiper dès aujourd'hui ; c'est la thèse que j'ai soutenue ici :
Et pour finir, la source de l'image d'illustration :