
Redessiner votre TOM pour l'IA agentique : du processus à l'interaction
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Nous avons exploré l'idée de changer de posture (« Lâcher le comment ») et d'imaginer des équipes mixtes (« Blended teams »). Mais si nous essayons de faire entrer ces nouvelles réalités dans nos organigrammes actuels, cela risque de coincer.
Le target operating model (TOM) – la façon dont l'entreprise fonctionne concrètement – doit probablement être repensé. L'ère de l'IA agentique pourrait signer la fin du TOM centré sur les processus (process-centric) pour aller vers un TOM centré sur les interactions (interaction-centric). C'est en tout cas l'hypothèse que je pose ici.
L'héritage agile et produit : une première brèche
Bien sûr, nous ne partons pas de zéro. Les transformations Agile, DevOps et Produit ont déjà largement fissuré le modèle séquentiel (Waterfall). Nos outils collaboratifs ont fluidifié les échanges et cassé certains silos. Nous avons appris à travailler en itérations et en équipes cross-fonctionnelles.
Cependant, même dans ces modèles modernes, l'humain reste souvent le "routeur" de l'information. Avec des agents IA capables d'agir en temps réel, cette latence humaine, même réduite, devient un goulot d'étranglement. Si un agent peut résoudre un problème client en 3 secondes, le ticket Jira qui attend 4h d'être priorisé devient une aberration.
Le TOM agentique ne vient pas effacer l'agile, il le pousse dans ses retranchements. Il ne s'agit plus seulement de collaborer, mais d'interagir à la vitesse de la machine.
Le nouveau TOM ne dessinerait plus des lignes hiérarchiques, mais des protocoles d'interaction. La question ne serait plus "Qui est le chef de qui ?", mais "Comment l'humain et l'agent se parlent-ils ?".
Les 4 piliers du TOM agentique
Pour accompagner cette transformation, voici les 4 axes de travail :
1. Structure : des silos aux essaims
Au lieu de départements fixes, le TOM favorise des équipes fluides qui se forment et se déforment selon les besoins. Une « swarm » (essaim) se constitue autour d'un problème : un expert humain, un facilitateur, et une armée d'agents spécialisés. Une fois le problème résolu, l'essaim se disperse.
2. Processus : du BPMN au « human-in-the-loop » (HITL)
On ne documente plus chaque étape. On documente les points de contrôle. Où l'humain doit-il intervenir ?
- Loop 1 (full auto) : Tâches à faible risque (ex: trier les emails).
- Loop 2 (validation) : L'agent propose, l'humain valide (ex: réponse client sensible).
- Loop 3 (co-création) : L'humain et l'agent travaillent en ping-pong (ex: stratégie marketing).
3. Compétences : de la fiche de poste au portefeuille de rôles
Dans un TOM agentique, une personne n'a plus "un poste". Elle a un portefeuille de rôles qu'elle active. Grâce à l'IA, un collaborateur peut être tour à tour analyste, créatif et chef de projet dans la même journée. Le RH ne gère plus des carrières linéaires, mais des trajectoires d'apprentissage continu.
4. Gouvernance : la confiance progressive
C'est le point crucial que nous souvelons. La gouvernance ne se fait plus a priori (interdiction par défaut) mais par monitoring. On donne un cadre de confiance restreint à un agent, on surveille ses résultats, et on élargit le cadre progressivement. Le TOM doit intégrer ces mécanismes de "permis de conduire" pour les IA.
Accompagner un TOM demain, ce ne sera plus seulement optimiser des tâches. Ce sera peut-être devenir architecte de systèmes cognitifs. Designer la manière dont l'intelligence circule dans l'entreprise, qu'elle soit biologique ou artificielle.
C'est un défi immense, et je suis moi-même en train d'apprendre à naviguer dans ces eaux inconnues. Mais c'est la seule voie pour construire des organisations non seulement plus efficaces, mais fondamentalement plus intelligentes.
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