
M3K et blended teams : le nouveau visage du manager
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Si nous acceptons de moins contrôler les processus pas à pas (voir ma réflexion précédente sur « Lâcher le comment »), à quoi pourrait ressembler notre quotidien ? Qui allons-nous manager, et comment ?
Une piste intéressante nous vient de Jurgen Appelo, le créateur du Management 3.0, qui propose avec M3K (Management pour le 3ème Millénaire) une vision qui me questionne beaucoup : celle des blended teams (équipes mixtes).
Bienvenue dans les blended teams
Une « blended team » serait composée de trois types de collaborateurs :
- Les humains : Créatifs, empathiques, gardiens du sens.
- Les robots : Pour l'action physique (dans l'industrie 4.0).
- Les agents IA : Des entités logicielles autonomes capables de raisonner et d'agir.
J'essaie d'imaginer dire demain non plus "mon équipe de 5 développeurs", mais "mon équipe de 3 humains, 2 agents de codage et 1 agent de test". C'est encore de la science-fiction pour beaucoup d'entre nous, mais les briques technologiques sont là.
Les personas IA : vos nouveaux collègues
Pour rendre cette collaboration concrète, il est utile de personnifier ces agents. Comme le présente Brice Kieffer, l'IA n'est pas un outil abstrait, elle prend des rôles précis :
- Echo : L'agent "Challenger". Il ne produit pas, il critique. Il scanne vos idées et cherche les failles.
- Tala : L'agent "Support". Elle organise, planifie, résume les réunions, prépare les ordres du jour.
- Cody : L'agent "Expert Technique". Il écrit du code, nettoie la data, génère des rapports.
Manager ces personas demande une nouvelle compétence : savoir évaluer leur niveau d'autonomie. On ne manage pas un agent junior (qui hallucine encore) comme un agent senior (fiable et rodé). C'est le retour du management situationnel, appliqué aux machines.
L'avènement du travailleur « M-skilled »
Quel est l'impact sur les humains de l'équipe ?
Pendant longtemps, le graal était le profil "T-Shaped" : une expertise profonde (la barre verticale) et une culture générale large (la barre horizontale).
Avec l'IA, Appelo théorise le passage au M-skilled worker.
Grâce à l'IA qui comble nos lacunes techniques instantanément (traduire un texte, écrire une requête SQL, analyser un bilan comptable), nous pouvons développer plusieurs piliers de profondeur. Un marketeur peut devenir "expert" en analyse de données grâce à l'IA. Un développeur peut devenir "profond" en design.
Le manager devra sans doute encourager ses équipes non pas à se spécialiser à outrance (l'IA le fera mieux), mais à devenir des généralistes augmentés, capables de piloter des escouades d'agents experts. C'est un défi de formation immense.
Cette vision du management M3K n'est plus une gestion de ressources, c'est une gestion d'écosystème. Notre rôle de leader serait de faire travailler ensemble ces intelligences biologiques et artificielles.
Mais comment structurer l'entreprise autour de ces équipes fluides ? C'est la question du target operating model (TOM) sur laquelle je me penche dans mon dernier article : Redessiner votre TOM pour l'IA agentique.
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