
Et si innover à l’ère de l’agentique, c’était apprendre à lâcher le “comment” ?
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- Et si innover à l’ère de l’agentique, c’était apprendre à lâcher le “comment” ?
Naturellement, nous organisons notre travail en processus, en séquences, en règles et c’est ainsi que nous avons appris à maîtriser la complexité à l’échelle de l’entreprise. Chaque activité est décrite, découpée, orchestrée et chaque amélioration part d’un pain point identifié dans ces chaînes d’action. Notre manière d’idéer, de concevoir et de piloter le changement s’est construite dans ce monde du “comment” : comment exécuter, comment optimiser, comment automatiser.
Mais l’arrivée de l’IA agentique bouleverse ce paradigme. Les agents ne suivent plus des séquences prédéfinies : ils comprennent un objectif, adaptent leur stratégie, apprennent de leurs interactions. Dans ce nouveau monde, la logique du process ne suffit plus. Il faut apprendre à penser différemment, à raisonner en objectif, en cadre et en confiance, si l’on veut capter pleinement la valeur de l’IA générative.
La fin de la pensée du "comment"
Nos organisations sont le produit d’une pensée déterministe. Tout y est mesuré, modélisé, rationalisé. Dans beaucoup d’équipes métiers, la gestion des projets s’appuie sur une logique de processus et de formalisation du “comment”, avec une visualisation via des outils tels que le BPMN, avec l’idée que mieux maîtriser la méthode, c’est se donner les moyens de maîtriser le résultat
Ce paradigme a permis des gains considérables d’efficacité et de fiabilité. Mais il enferme aussi notre capacité d’innovation dans une pensée linéaire et prescriptive. Lorsqu’on cherche à imaginer des cas d’usage d’IA, cette logique nous pousse à voir l’IA comme un automate : un outil qui suit des règles, exécute des tâches, reproduit des séquences.
Or, les systèmes agentiques ne fonctionnent pas ainsi. Ils ne se contentent pas d’exécuter : ils raisonnent, s’adaptent, proposent. Ils sont capables d’atteindre un objectif de multiples façons, parfois imprévues.
Ainsi, le changement de paradigme s’impose.
Un nouveau rôle pour l’humain
Travailler avec des agents, ce n’est pas écrire des process plus complexes, c’est changer de posture cognitive.
Plutôt que de prescrire comment chaque étape doit se dérouler, l’humain définit ce que l’on cherche à atteindre, pourquoi cela a du sens, et dans quel cadre cela peut s’exprimer.
Autrement dit, on passe :
- du contrôle de l’exécution → à la définition des objectifs et du cadre,
- de la supervision constante → à la coopération cognitive,
- du process déterministe → au système adaptatif.
L’humain n’est plus l’ordonnateur de chaque action, mais le gardien du sens. Il fixe l’objectif, la direction, définit les valeurs et les frontières, puis fait confiance à l’agent pour trouver le chemin.
Apprendre à faire confiance, peu à peu
Adopter cette pensée cognitive ne se décrète pas. Elle se construit, progressivement, au fil de la relation de confiance entre humain et agent.
Au début, les agents agissent dans des espaces très délimités : une tâche précise, une supervision humaine forte. Puis, au fur et à mesure que la fiabilité et la compréhension mutuelle grandissent, on leur confie davantage d’autonomie.
Ce mouvement rappelle celui du management humain :
- on ne forme pas un collaborateur en lui dictant chaque geste,
- on le guide, on fixe un cap, on lui donne de l’espace pour apprendre.
L’agentique nous invite à faire de même : à manager la cognition, non la procédure.
Cette approche graduelle est essentielle pour garder l’humain dans la boucle. L’objectif n’est pas de remplacer, mais de faire coopérer. L’humain garde la main sur les finalités, les décisions critiques, les critères d’éthique. L’agent élargit sa capacité d’action et d’apprentissage. C’est dans cette coopération que réside la véritable valeur de l’IA agentique.
Réapprendre à penser l’innovation
Ce changement de paradigme n’est pas qu’un défi technologique, il est avant tout un défi de pensée.
Pendant des années, nos démarches d’innovation se sont appuyées sur le “process thinking”. On cartographie, on modélise, on optimise. Mais dans un monde cognitif, il faut réapprendre à idéer autrement.
Les questions à se poser deviennent :
- Quel objectif cognitif voulons-nous confier à l’agent ?
- Quelle marge de manœuvre lui laissons-nous pour y parvenir ?
- Comment définir un cadre de confiance où humain et agent coopèrent ?
Ce ne sont plus des questions d’automatisation, mais de co-intelligence. L’innovation ne naîtra plus de l’optimisation des tâches, mais de la reconfiguration des relations entre humains et agents.
Cela appelle également à réinventer les méthodologies du Product Management : les approches de discovery et d’idéation devront évoluer pour intégrer cette sortie de la pensée déterministe.
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