
Innover à l'ère de l'IA : pourquoi vous devez apprendre à « lâcher le comment »
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Nous avons été formés à être des ingénieurs du « comment ». Depuis le taylorisme jusqu'au BPMN (Business Process Model and Notation), manager signifiait définir une procédure, optimiser un flux, et contrôler que chaque étape était exécutée conformément au plan. C'est le paradigme déterministe : si je maîtrise la méthode, je maîtrise le résultat.
Mais l'arrivée de l'IA agentique bouscule ce modèle. Pour la première fois, nous avons des outils capables de trouver leur propre chemin vers un objectif. Continuer à leur dicter le « comment », c'est peut-être passer à côté de leur véritable potentiel : la co-intelligence.
C'est en lisant l'article de mon collègue chez WEnvision, « Et si innover à l'ère de l'agentique, c'était apprendre à lâcher le "comment" ? », que j'ai eu le déclic. Je me suis moi-même posé la question : suis-je prête à lâcher ce contrôle qui rassure ? C'est un exercice difficile, mais nécessaire pour imaginer notre futur rôle.
Le défi du déterminisme
Dans nos organisations, l'innovation est souvent enfermée dans des processus linéaires. Nous passons un temps fou à cartographier des processus, à écrire des spécifications détaillées. C'est rassurant. C'est contrôlable. Et je suis la première à aimer cette clarté.
Mais l'IA agentique ne fonctionne pas ainsi. Elle est probabiliste, adaptative et créative. Si nous demandons à un agent de « rédiger un rapport » en lui imposant chaque phrase (le comment), nous n'avons pas besoin d'une IA, nous avons besoin d'un clavier. La valeur de l'agent réside peut-être dans sa capacité à nous surprendre.
Le nouveau rôle du manager : gardien du sens
Si on lâche le « comment », que reste-t-il au manager ? Tout le reste, et c'est l'essentiel.
Selon nous, il faut manager la cognition, pas la procédure. Le manager devient un « gardien du sens ». Son rôle se déplace vers trois piliers fondamentaux :
- Le quoi (l'intention) : Définir des objectifs clairs et ambitieux. Non pas « écris-moi un mail », mais « convaincs ce client hésitant en rassurant sur la sécurité ».
- Le pourquoi (le sens) : Donner le contexte, la vision, les valeurs. Pourquoi faisons-nous cela ? Quelle est notre éthique ?
- Le cadre (les garde-fous) : Définir les frontières de l'autonomie. Ce que l'agent a le droit de faire, et surtout ce qu'il ne doit pas faire.
L'analogie du GPS
C'est le passage de la carte papier au GPS.
Avec une carte papier, vous deviez planifier chaque virage. Vous étiez responsable du « comment » aller de A à B.
Avec un GPS, vous définissez la destination (« quoi ») et vos critères (« pourquoi » : le plus rapide, sans péage). Vous déléguez le calcul de l'itinéraire à la machine. Vous avez « lâché le comment » du trajet, mais vous avez gardé le contrôle absolu de la destination.
Accepter de ne pas savoir exactement comment l'IA va réaliser une tâche est vertigineux pour un manager habitué au contrôle. C'est pourtant une piste sérieuse pour passer de l'automatisation à la véritable innovation agentique.
Dans le prochain article, j'explorerai comment cela pourrait se traduire concrètement dans la gestion des équipes au quotidien, avec le concept inspirant de M3K et des blended teams.
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